Après Woodie Allen déguisé en spermatozoïde dans lun des meilleurs sketchs de
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander, voici Norbert dans le rôle de lâme imaginative de Simon Glonek. En effet, au pays de Guéret et Vadot, les humains - du moins certains dentre eux - sont des vaisseaux, pilotés par une armada de petits bonhommes. Dans le cas terrifiant de Simon Glonek, fils dun promoteur immobilier réputé, la joyeuse communauté qui le pilote ressemble à sy méprendre à quelques sociétés autoritaires
dont notre monde contemporain garde, de ci de là, certains stigmates ! Le capitaine, alias la raison est aux commandes, tandis que Norbert, alias limaginaire est en prison. De son côté la presse, girouette, vante les mérites de celui qui est au pouvoir. Ne reste que le scientifique, le «professeur», seul personnage qui sait lier extravagance et capacité danalyse. Toute cette troupe hétéroclite, pourvue en outre de soldats, et dun comité des sages est uniquement de sexe masculin. Voici donc notre Simon Glonek, conduit lors dun hiver neigeux, en direction dun appartement que son père lui a demandé de louer au plus vite. Il est vrai que Glonek Junior ne semble pas un foudre de guerre de limmobilier. Et là, devant la porte dudit appartement, cest le choc, lapocalypse, le cataclysme, la fin du monde : Simon rencontre Elodie Lillywhite. Toute la machine bien rationnelle du petit Glonek en est convulsivement détériorée
de lautre côté, a lieu un chambardement identique chez la belle Elodie, elle-même vaisseau commandée par la raison qui répond au doux patronyme de Bernadette, la mère supérieur. Lorsque les regards de nos deux tourtereaux se croisent, Norbert se trouve propulsé dans limaginaire dÉlodie, imaginaire présenté sous les traits dune fort agréable jeune femme, Nora.
Voici en substance la trame des événements de départ. Mais le plus réjouissant de cette lecture, cest lalliance du synopsis avec les mille et uns détails de chacune des cases. Dautant que si elles restent rectilignes, les cases varient en largeur et hauteur, insufflant un rythme qui oscille entre célérité et extrême lenteur
comme calqué sur le pouls. En outre, le travail des couleurs qui joue certes dune symbolique explicite est aussi un repère ludique et ironique des différents mondes : vert glauque pour lhomme, rose bonbon pour la femme. A lappui de ces recherches formelles, les clins dils, propos caustiques et travail sur la représentation fantasmatique de nos émotions sont autant de petits moments de surprise et de bonheur.--
Sylvaine Jeminet-- --
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