William et Benjamin sont piégés dans la ville ghetto. Ils ne peuvent plus échapper à la confrontation. Poussés par la curiosité, ils vont se retrouver pris entre deux feux, entre le Croquemitaine et les chasseurs de primes. L'étrange monstre qui fait trembler les braves gens de la ville va entraîner les deux orphelins dans sa fuite et les condamner à des choix dramatiques. Denis-Pierre Filippi et Fabrice Lebeault poursuivent la description de cette ville qui ne sait pas assumer ses faiblesses et qui renie ses propres enfants. En peignant la ville sous la ville, "la ville-miroir", Fabrice Lebeault libère son imaginaire. Le Croquemitaine et son monde enfantin prennent vie sous sa plume. Et la lecture de ce deuxième tome du Croquemitaine nous fait réaliser à quel point aucun autre dessinateur n'était mieux à même de mettre en images l'histoire de ces sans famille. En perçant à jour les faux-semblants de la ville et de ses habitants, Denis-Pierre Filippi met en exergue des thèmes qui transparaissent dans toutes ses oeuvres, l'enfance déracinée, l'hypocrisie des adultes et le côté ambivalent de la technologie (souvent imaginaire) : créatrice et destructrice. L'ambiance surannée du Croquemitaine lui donne le goût d'un conte, mais un conte tragique.