Lindingre est un gusse dangereux. Car, à l'instar d'un Reiser, d'un Desproges, d'un Siné, d'un Vuillemin, il n'a jamais su jusqu'où on pouvait aller trop loin dans la transgression tordboyautante. C'est que le larron, il rend (tripes et boyaux !) comme il respire, cochonnant sans vergogne ce qui lui hérisse le poil : les interdits, les tabous, les clichés, les normalités-flics. En atteste la terrible couverture émeutière et orgiaque du ci-présent Retour de Titine à Charleroi où, avec le 11 septembre en arrière-plan, le peuple en pétard, chauffé au rouge par la pétroleuse Titine, nibards au vent, et par d'euphorisantes moussantes, réduit en charpie lubriquement l'ordre établi. Yan Lindingre, si j'ai un jour le bonheur de croiser le gluant ministre belge des Finances Didier Reynders dans une garden party, ce n'est pas une tarte gloupinesque que je lui foutrai dans la gueule, c'est une de tes bédés assassines enrobée de chantilly. Noël Godin.