L'ALPE 66

ISBN : 9782344003282
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⧫ Editeur : GLENAT
Extrait

Avec les «hippies» de Monte Vérité Ils dansaient nus sur la colline, tissaient leurs toges de coton écru et se nourrissaient des fruits de leurs jardins. En 1900, dans les Alpes du Tessin, une petite communauté invente le retour à la na...

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Date de parution : 03/09/2014

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Extrait

Avec les «hippies» de Monte Vérité

Ils dansaient nus sur la colline, tissaient leurs toges de coton écru et se nourrissaient des fruits de leurs jardins. En 1900, dans les Alpes du Tessin, une petite communauté invente le retour à la nature et la contre-culture. Soixante ans avant le mouvement hippie ! Sanctuaire d'une pensée alternative, lieu de créativité et d'utopie, Monte Verità attirera nombre d'artistes et d'intellectuels. Une montagne magique à découvrir.

À l'orée du XXe siècle, cinq jeunes gens parcourent à pied la région des lacs, au nord de l'Italie, à la recherche d'un endroit où réaliser la «réforme de vie» (Lebensreform) qu'ils appellent de leurs voeux afin de contrecarrer la frénésie industrielle qui fait alors rage dans les pays d'Europe du Nord. Au terme de leur exploration, les voici à Ascona, près de Locarno, sur la rive suisse du lac Majeur. Là, ils vont élire la colline boisée, alors appelée Monte Monescia, qui domine le paisible petit village de pêcheurs, en la rebaptisant «Monte Verità», montagne de la vérité.
Qui sont ces jeunes idéalistes ? Karl Gräser, ex-officier désargenté de l'armée austro-hongroise converti au végétarisme et pacifiste, son frère Gustav, poète et «peintre mystique», Lotte Hattemer, jeune fille écoeurée par la vie urbaine, ainsi que Ida Hofmann, pianiste originaire du Monténégro qui possède quelques avoirs par sa famille, et enfin Henri Oedenkoven, fils d'industriels belges fortunés.
Si ces voyageurs ont trouvé un lieu où poser leurs bagages, c'est qu'ils n'ont pas seulement eu le sentiment d'avoir atteint le sud et le soleil, mais aussi le centre du monde, ou encore, selon une expression de l'historien des religions Mircea Eliade qui fréquentera ces lieux plus tard, l'«axis mundi», l'axe vertical reliant le ciel aux profondeurs de la terre, le sacré au profane. Ces jeunes idéalistes ne sont pas un cas unique. Nombreux sont alors les gens d'Europe du Nord, notamment d'Allemagne, qui se mettent en route vers les douceurs méridionales. Et qui, débouchant des entrailles des Alpes par les nouveaux tunnels ferroviaires du Gotthard (1881) ou du Simplon (1906), éprouvent avec force l'impression d'aborder au pays du soleil. Au point de s'arrêter eux aussi en ces lieux.
Aujourd'hui encore, depuis le haut de la colline de Monte Verità, le promeneur est violemment saisi par ce paysage unique. Entouré par les Alpes, il se sent aspiré par l'eau scintillante du lac d'un bleu intense, calme miroir des versants abrupts qui le bordent, puissante rencontre entre l'onde et la montagne, le Nord et le Sud. À l'époque, Ascona n'est en outre qu'un modeste village et la colline, recouverte d'une végétation luxuriante, baignée d'un air d'une grande pureté, offre calme et solitude.
Le site se révélera également un point de rencontre entre l'Est et l'Ouest, à travers les initiatives de plusieurs résidents de Monte Verità et de ses environs : Ida Hofmann, passionnée de théosophie, puis Rudolf Laban (à partir de 1913, un des pères de la danse moderne) ou plus tard Edward van der Heydt (collectionneur d'art oriental, propriétaire de la colline en 1926) ainsi que Olga Froebe-Kapteyn (fondatrice des Journées d'Eranos au bord du lac en 1933) et ses conférenciers venus d'Europe et d'Orient autour du psychologue suisse Carl Gustav Jung. Chacun à sa manière, ils ont contribué de façon décisive au rayonnement de Monte Verità et de ses alentours.

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