Extrait de la préface de Christophe Kourita
«Il y a quelques années, lors d'une soirée organisée par mon éditeur japonais, Katsuhiro Otomo, l'auteur du manga Akira, m'a posé la question suivante : «Y a-t-il des yôkai en France ?»
Je lui ai répondu que je n'en avais jamais entendu parler. Des histoires de fantômes, de monstres, de dragons ou de lutins, des contes de fée, oui, mais pas de yôkai.
Quelle est donc la différence ?
Les yôkai sont des êtres imaginaires dont certains sont issus de la mythologie japonaise, des superstitions {Oni, Tengu, kappa) ou des interprétations de phénomènes étranges.
Certains ont des formes humaines (zashikiwarashi, konakijijî), d'autres de monstres, de «bêtes» ou même d'objets (hyakki yagyô, karakasa obake).
Certains sont aussi des «revenants» qui ont pris un aspect différent de celui qu'ils avaient de leur vivant, ce qui les différencie des fantômes (yûrei en japonais). Ces yôkai parlent souvent le langage humain et possèdent des pouvoirs surnaturels. Ce que j'ai pu constater dans toutes ces histoires de yôkai, c'est qu'ils sont en relation étroite avec la vie locale. C'est ce que j'appellerais le côté «terroir». Les pêcheurs, qui ont toujours eu une certaine crainte vis-à-vis de l'océan, verront des yôkai de la mer, liés à leur mode de vie.
Il en est de même pour les gens de la campagne ou de la montagne.
On retrouve dans tout cela un élément «pittoresque» et «nostalgique».