Le crépuscule d'un artiste flamboyant
Exile en Polynésie française, Paul Gauguin se pose aux Iles Marquises, où il s'éprend de la vie exotique et nourrit son tempérament frondeur. Sur Hiva Oa, il retrouve souffle artistique, appétit de vivre et inspiration, sans réaliser qu'il est au crépuscule de sa vie. Cynique sublime, à la fois égoïste, renfrogné et rebelle au grand coeur, Gauguin est ici révélé comme un farouche adversaire de la pensée colonialiste. Un portrait nuancé, fidèle à l'esprit de la collection CONTRECHAMP où sont déjà parus Nietzsche, se créer liberté et Thoreau, la vie sublime.
Avec Gauguin, loin de la route, Maximilien Le Roy et Christophe Gaultier reconstituent les dernières années de la vie de Paul Gauguin. Mais là où l'imagerie collective s'arrête généralement aux contours du peintre des vahinés, les auteurs de ce captivant portrait décident de plonger derrière cette silhouette familière pour raconter les ultimes épisodes de son existence.
Au fil d'une vingtaine de mois de décrépitude flamboyante au milieu du Pacifique, on découvre un homme bouillant, inspiré, en colère contre la pensée impérialiste et religieuse de son temps. En se concentrant sur la courte période constituant l'épilogue d'une trajectoire hors du commun, le scénario de Maximilien Le Roy dit en creux tout le tempérament de l'artiste, ses passions, ses indignations, son caractère entier, mélange d'égoïsme et de compassion. Le trait épais de Christophe Gaultier apporte la dimension et le volume nécessaires pour donner corps à cette forte personnalité. Un dessin éminemment expressif, inscrivant les personnages dans la moiteur de ce climat si particulier. Page après page, on se passionne pour ce Gauguin sur la corde raide, loin des sentiers battus.