
CHRONIQUES DU PROCHE ETRANGER LA TCHETCHENIE
Autre
Extrait de la préface d'Anne Nivat:
La dernière fois que je me suis rendue en Tchétchénie, à l'été 2006, j'avais pris une petite caméra pour filmer mes pérégrinations, les interlocuteurs qui l'acceptaient, et les paysages déroutants de la petite république caucasienne dévastée. Après exactement dix années de reportages en terre tchétchène"et des centaines de voyages «illégaux» sur place, je ne savais plus quoi faire, quoi écrire, ou sur quel «angle» me concentrer pour que la tragédie des deux campagnes russo-tchétchènes recueille (enfin? à nouveau?) un écho auprès de l'opinion publique occidentale.
J'ai décidé de filmer le quotidien d'un jeune homme de 33 ans, marié et père d'une petite fille, dans les ruines de Grozny. «Au moins, quand tu dors et que tu fais un cauchemar, au bout d'un moment, tu te réveilles, tout content, car ce n'était qu'un mauvais songe», me disait-il. «Mais le problème, ici, c'est que ce cauchemar, c'est notre réalité. On ne peut pas se réveiller et y échapper!»
Voilà ce à quoi doivent faire face ceux qui vivent en Tchétchénie aujourd'hui: absence d'avenir, manque d'infrastructures, violence, toujours aussi palpable, corruption, indescriptible chaos dû à la présence des forces armées fédérales russes, et la peur, devenue familière. La guerre, ou «l'opération anti-terroriste», comme elle est pudiquement appelée par les autorités de Moscou, n'a rien résolu, et se poursuit insidieusement, puisque rien n'a été réglé."