Né à Nice le 5 janvier 1963, Philippe Bercovici a acquis de haute lutte le titre de dessinateur le plus rapide de toute la profession en illustrant à lui seul, et dans divers styles, toutes les bandes dessinées et illustrations proposées dans les 48 pages d'un numéro de SPIROU en 1999. Dans un numéro normal, il occupe rarement moins de trois à cinq pages. Repéré à treize ans par Raoul Cauvin auquel il était venu soumettre ses oeuvres lors d'une dédicace à Nice, il publie immédiatement dans la "Carte Blanche" et les rubriques d'animations de SPIROU avant que le scénariste lui propose d'illustrer "Les Grandes Amours contrariées" en 1978. Souple, efficace, dynamique, son style part du cartoon pour aboutir à une nouvelle forme de la BD et à une grande maîtrise de tous les sujets possibles. Lancées avec Cauvin en 1981,"Les Femmes en Blanc" ont accédé rapidement au statut de best-seller et constituent sa série la plus populaire. Sans être exhaustif, citons également "Robinson et Zoé" (pour GOMME à partir de 1982), "Kostar le Magnifique" (CIRCUS, 1984), "Barnabé, envoyé spécial" et "Big Bang Orchestra" (JE BOUQUINE), le "Grand Panic Circus" (PIF), "Testar le Robot" (chez Fleurus), "Téléfaune" (pour Dargaud en 1993), toutes séries dont les scénarios furent assurées par François Corteggiani. Avec Yann, il a animé les aventures très soviétiques de "Leonid et Spoutnika" chez Marsu-Productions. François Gilson lui écrit désormais régulièrement les gags de "Cactus Club", une satire délirante des clubs de vacances et de leurs Gentils Organisateurs. Et il réalise "Eve et Adam" avec Gerrit de Jager pour le marché hollandais. C'est sous le masque de "Thelonius" qu'il a illustré les cent premiers gags du "Boss", série concoctée par l'infâme Zidrou pour tourner en ridicule le très respectable rédacteur en chef de l'hebdomadaire abritant leurs petites âneries. Las, vite reconnu à son style inégalable et à la vitesse où il envoie ses planches une heure après en avoir reçu le scénario, il a été contraint de reprendre son patronyme normal pour les albums de cette série.
François Gilson est né le 16 novembre 1965 à Arolsen, en Allemagne, où son père, militaire, se trouvait caserné. Mais c'est à Liège, où il vit encore aujourd'hui, qu'il fait, avec Clarke (né le même jour que lui), ses premières armes dans la BD en créant le fanzine CAFARD. Coup d'essai, coup de maître : la direction de la très catholique école où ils étudient n'apprécie guère leur causticité et profite du premier prétexte pour les exclure. À l'Académie royale des Beaux-Arts de Liège, Gilson s'aperçoit qu'il n'est guère doué pour le dessin, mais qu'il éprouve en revanche un plaisir certain pour le scénario. Patrick Pinchart, alors rédacteur en chef de Spirou, l'encourage dans cette voie, et Marc Hardy, dessinateur liégeois de "Pierre Tombal", ne lui ménage pas ses conseils. Malgré l'appui de ces parrains, la période est difficile : Gilson travaille beaucoup, collabore au fanzine IMPAYABLE et s'associe avec Clarke pour publier en 1987 son premier album "Rebecca - Bon anniversaire, Papy" chez le petit éditeur local Khani. Il accomplit ensuite son service militaire en effectuant chaque jour l'aller retour entre la Belgique et l'Allemagne dans un camion postal. À force de persévérance, il devient bientôt gagman patenté dans l'ombre tutélaire du journal SPIROU. Entre de multiples projets en sommeil, il collabore avec Serge Carrère ("Carmela"), Wilbur Duquesnoy ("Comiques Strips"), Glem ("Non-Sense"), Guilhem Bec ("La Tribu des Épithètes"), Gos et Walt ("Les Galaxiens"), E 411 ("Hervé T. T.") et même l'indécollable Clarke pour les petits strips délirants d'"Africa Jim". En 1990, il crée le "Garage Isidore". Son association avec Olis s'est décidée à la suite d'une épreuve quasi initiatique : le dessinateur, qui ne s'y connaissait guère en mécanique, hésitait à se lancer dans une série où il est apparemment beaucoup question de voitures. La main sur le coeur, Gilson assura qu'il en était un spécialiste. Ce qui tombait à pic, la voiture d'Olis se trouvant justement en panne. Gilson se fit décrire les symptômes et diagnostiqua au pifomètre un problème d'embrayage, ce que devait confirmer le premier garagiste consulté. Convaincu, Olis accepta de dessiner une série développée par un tel expert. En 1995, Gilson retrouve son ami Clarke pour "Mélusine", et peut enfin donner libre cours à cette verve sacrilège et ensorcelante qui effrayait tant certains lecteurs ensoutanés de CAFARD... Avec Bercovici, il explore désormais l'univers des vacances organisées avec son dépaysant "Cactus Club". Gilson prépare actuellement un polar réaliste et rêve de dessin animé. Enfin, il avoue qu'il aimerait avoir des ailes. Il a déjà sauté en parachute, et même à l'élastique du haut d'une grue de soixante mètres. Ne dirait-on pas le début d'un nouveau gag ?