
ANIMAUX A BORD
ISBN : 9782344000038
⧫ Editeur : GLENAT
Extrait
Extrait de l'introduction Au commencement de l'alliance des marins et des bêtes, il y a la Bible. Il n'est pas indifférent que les auteurs de la Genèse aient fait préexister les animaux, les plantes et d'ailleurs la mer, à la création de l'Hom...
Extrait de l'introduction Au commencement de l'alliance des marins et des bêtes, il y a la Bible. Il n'est pas indifférent que les auteurs de la Genèse aient fait préexister les animaux, les plantes et d'ailleurs la mer, à la création de l'Hom...
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Autre
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Date de parution : 26/03/2014
Extrait
Extrait de l'introduction
Au commencement de l'alliance des marins et des bêtes, il y a la Bible. Il n'est pas indifférent que les auteurs de la Genèse aient fait préexister les animaux, les plantes et d'ailleurs la mer, à la création de l'Homme, lequel a été modelé avec de la poussière, ce qui ne fut pas le cas des toutes premières bestioles de l'Éden. Et si le Seigneur ordonna à Adam et Ève de soumettre «toute bête qui remue sur la Terre», le récit du Déluge scelle en contrepoint la divine coalition des êtres vivants. Souvenez-vous, l'Homme l'avait tant fâché par ses violences que Dieu se résolut à anéantir par les eaux la Terre et ses créatures animées. À quelques exceptions près. Il enjoignit en effet à Noé de construire une arche - le terme hébreu désigne une espèce de caisse apte à flotter - en bois résineux, pourvue de «cases» et haute de trois étages, où il fut invité à prendre place, lui, sa femme et leurs trois fils. On peut y voir le plus gigantesque et hétéroclite cargo bétailler jamais mis en chantier ! Car il fut aussi prescrit à cet «homme juste» d'embarquer, afin d'en perpétuer la race, «sept couples de tout animal pur» et un seul d'animaux jugés impurs. Un exemple primitif de règlement maritime ? Contrairement à ce que l'on croit souvent, c'est un humble corbeau, avant une colombe, que le patriarche envoya en premier lieu reconnaître la terre ferme à la fin du Déluge. Tant le corbeau que la colombe - cette dernière sous l'identité du pigeon - ont continué à servir longtemps d'estafettes à ceux qui vont sur la mer.
D'une historicité moins douteuse sont toutefois les gravures murales d'un temple de Deir el-Bahari, érigé près de Thèbes (aujourd'hui Louxor) par la pharaonne égyptienne Hatchepsout vers 1500 avant notre ère. Une série de bas-reliefs y narre la célèbre expédition maritime qu'elle ordonna au pays de Pount, localisé aux abords de la mer Rouge. Le «manifeste» des marchandises et denrées chargées sur cinq navires recense quelque trois mille têtes de bétail, pour l'alimentation des équipages, mais encore des singes, des chiens et une panthère destinés au roi de Pount. Furent notamment rapportés des félins, une girafe et des boeufs.
Depuis l'aube de la navigation et jusqu'à récemment, marins et passagers ne se sont donc pas privés d'embarquer toutes sortes d'animaux petits et grands, des indispensables compagnons domestiques que sont les chiens et chats jusqu'aux spécimens les plus incongrus, en tout cas les moins amarinés. Faire franchir la planche ou la passerelle à une bête de quelque calibre rapporté à la taille de l'embarcation, et même la treuiller, n'a jamais été une sinécure. À la vue de la mer mouvante, n'importe laquelle peut se révéler plus têtue qu'une mule ! Qui plus est, s'agissant d'un troupeau, un contagieux effet de panique est toujours à craindre. Mais il en faut davantage pour rebuter un marin, qui n'est pas la moins entêtée des entités de la Création.
Les animaux embarqués relèvent d'une poignée de grandes catégories, dont l'importance a évolué avec le temps. Celle englobant le bétail sur pied et la volaille s'est vidée au fur et à mesure du développement des moyens de réfrigération à l'orée du siècle écoulé ; encore qu'elle demeure d'actualité pour des pays isolés, par exemple l'Australie, qui exporte en masse des ovins vivants vers le Moyen-Orient. Un mode de transport de longue distance cruel, soumis au feu nourri des critiques des associations de protection des animaux.
Au commencement de l'alliance des marins et des bêtes, il y a la Bible. Il n'est pas indifférent que les auteurs de la Genèse aient fait préexister les animaux, les plantes et d'ailleurs la mer, à la création de l'Homme, lequel a été modelé avec de la poussière, ce qui ne fut pas le cas des toutes premières bestioles de l'Éden. Et si le Seigneur ordonna à Adam et Ève de soumettre «toute bête qui remue sur la Terre», le récit du Déluge scelle en contrepoint la divine coalition des êtres vivants. Souvenez-vous, l'Homme l'avait tant fâché par ses violences que Dieu se résolut à anéantir par les eaux la Terre et ses créatures animées. À quelques exceptions près. Il enjoignit en effet à Noé de construire une arche - le terme hébreu désigne une espèce de caisse apte à flotter - en bois résineux, pourvue de «cases» et haute de trois étages, où il fut invité à prendre place, lui, sa femme et leurs trois fils. On peut y voir le plus gigantesque et hétéroclite cargo bétailler jamais mis en chantier ! Car il fut aussi prescrit à cet «homme juste» d'embarquer, afin d'en perpétuer la race, «sept couples de tout animal pur» et un seul d'animaux jugés impurs. Un exemple primitif de règlement maritime ? Contrairement à ce que l'on croit souvent, c'est un humble corbeau, avant une colombe, que le patriarche envoya en premier lieu reconnaître la terre ferme à la fin du Déluge. Tant le corbeau que la colombe - cette dernière sous l'identité du pigeon - ont continué à servir longtemps d'estafettes à ceux qui vont sur la mer.
D'une historicité moins douteuse sont toutefois les gravures murales d'un temple de Deir el-Bahari, érigé près de Thèbes (aujourd'hui Louxor) par la pharaonne égyptienne Hatchepsout vers 1500 avant notre ère. Une série de bas-reliefs y narre la célèbre expédition maritime qu'elle ordonna au pays de Pount, localisé aux abords de la mer Rouge. Le «manifeste» des marchandises et denrées chargées sur cinq navires recense quelque trois mille têtes de bétail, pour l'alimentation des équipages, mais encore des singes, des chiens et une panthère destinés au roi de Pount. Furent notamment rapportés des félins, une girafe et des boeufs.
Depuis l'aube de la navigation et jusqu'à récemment, marins et passagers ne se sont donc pas privés d'embarquer toutes sortes d'animaux petits et grands, des indispensables compagnons domestiques que sont les chiens et chats jusqu'aux spécimens les plus incongrus, en tout cas les moins amarinés. Faire franchir la planche ou la passerelle à une bête de quelque calibre rapporté à la taille de l'embarcation, et même la treuiller, n'a jamais été une sinécure. À la vue de la mer mouvante, n'importe laquelle peut se révéler plus têtue qu'une mule ! Qui plus est, s'agissant d'un troupeau, un contagieux effet de panique est toujours à craindre. Mais il en faut davantage pour rebuter un marin, qui n'est pas la moins entêtée des entités de la Création.
Les animaux embarqués relèvent d'une poignée de grandes catégories, dont l'importance a évolué avec le temps. Celle englobant le bétail sur pied et la volaille s'est vidée au fur et à mesure du développement des moyens de réfrigération à l'orée du siècle écoulé ; encore qu'elle demeure d'actualité pour des pays isolés, par exemple l'Australie, qui exporte en masse des ovins vivants vers le Moyen-Orient. Un mode de transport de longue distance cruel, soumis au feu nourri des critiques des associations de protection des animaux.